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Yury Geluykens : de la Belgique aux Etats-Unis

Après plus de vingt ans de carrière chez Orange, Yury Geluykens est devenu CTO de l’antenne belge d’Orange Cyberdefense. L’été dernier, c’est à Atlanta, aux Etats-Unis, qu’il déménage pour ouvrir l’un de nos SOC et développer ainsi le marché américain.

Tu as étudié les mathématiques pendant quatre ans avant de te lancer dans un cursus IT, pour de nouveau quatre années. Pourquoi avoir commencé par les mathématiques ?

Les quatre premières années, il s’agissait d’un niveau proche de celui du lycée. Les mathématiques restent un choix logique pour entamer une carrière IT : elles offrent une base solide de réflexion pour résoudre des problèmes en tout genre, ce qui est au cœur d’une carrière technique.

A quoi ressemblait l’IT dans les années 1990 ?

C’était vraiment différent ! Avec internet haut-débit, le monde digital au sein duquel nous évoluons a fait disparaître les anciens standards. Il y a aussi eu une prise de conscience concernant la cybersécurité : à l’époque, nos connaissances demeuraient limitées. Il n’était pas possible de l’étudier car il n’existait aucun cursus dédié. Dans les années 1990, l’IT était aussi un monde presqu’entièrement masculin. Aujourd’hui, de plus en plus de femmes se lancent dans des carrières techniques, ce qui est une évolution très positive. Nous avons besoin d’une vraie diversité des profils au sein de nos équipes, avec des formations et des compétences différentes.

Quels ont été les développements majeurs dont tu as été témoin pendant ta carrière ?

J’ai rejoint Orange Business Services il y a plus de vingt ans. L’évolution qui m’a le plus frappée, et j’en suis encore témoin aujourd’hui, c’est le tout-digital, qui apporte de plus en plus de risques, comme les migrations vers le cloud et la transformation digitale des entreprises. Tout est désormais connecté : nos maisons, nos voitures, les capteurs de nos usines… et ces innovations doivent être déployées et utilisées de manière sécuritaire.

Avant de rejoindre Orange, tu as été manager IT, ingénieur support, consultant et chef de projet. Peux-tu nous en dire davantage ?

J’ai commencé en tant que manager IT pour une petite entreprise spécialisée dans les panneaux qu’on peut voir au-dessus des autoroutes. Mon travail consistait à gérer les PC et la sécurité. Cette expérience m’a beaucoup appris, notamment sur le développement informatique et la maintenance des serveurs. A l’époque, l’IT était un domaine assez nouveau, et je n’avais pas encore d’idée précise pour la suite de ma carrière. Après cela, j’ai été ingénieur support pour l’entreprise Xircom Systems. Je m’occupais de modems, de connectivité mais aussi de la relation avec les clients. Ensuite, j’ai rejoint QConsulting en tant que consultant. A peine six mois après mon arrivée, le directeur de l’entreprise m’a offert un poste dans une start-up qu’il était en train de créer. J’en suis ainsi devenu le premier employé. Alors chef de projet, j’ai participé au développement du réseau. Cette entreprise a été rachetée par Group Silicomp, qui a ensuite été acquise par Orange.

Chaque avancée a été assez logique mais j’ai aussi été chanceux : je travaillais en Belgique et j’ai eu l’opportunité d’évoluer pour une multinationale française. Les choix ne font pas tout, être au bon endroit au bon moment peut aussi faire la différence.

Tu as travaillé 22 ans pour Orange. A quoi ressemble une carrière aussi longue au sein d’une même entité ?

C’est très intéressant. C’est certes la même entreprise, mais ce n’est pas le même job. Au fil des années et grâce à l’expérience acquise, mon scope de travail s’est agrandi, j’ai eu de nouvelles responsabilités et acquis de nouvelles compétences. Orange a redéfini ses stratégies pour créer de nouvelles possibilités et de nouveaux services pour ses clients. Le contenu de mon travail a donc évolué avec les missions du groupe.

Aujourd’hui, nombreux sont les salariés qui passent d’un job à un autre, mais il faut savoir qu’il y a aussi des opportunités de carrière au sein d’une même entité. Je vis maintenant aux Etats-Unis, ce qui est une toute nouvelle expérience pour moi. C’est le genre d’opportunité qu’on peut avoir quand on travaille pour une multinationale comme Orange.

Au fil des années, comment Orange, mais aussi le marché de la cybersécurité ont-il évolué ?

La transformation digitale a eu un réel effet disruptif sur le marché. La quatrième révolution industrielle amène un grand nombre de défis pour les clients et nous sommes à l’écoute de leurs attentes. Nous nous concentrons donc sur la sécurisation de toutes ces nouvelles évolutions, comme le cloud ou l’internet des objets.

En 2018, tu es devenu CTO d’Orange Cyberdefense Belgique. Peux-tu nous en dire plus ?

Comme pour le reste de ma carrière, il s’agissait d’une suite logique et pour être complètement transparent, j’occupais déjà le poste depuis un certain temps. C’est mon titre qui a changé, de « directeur technique » à « CTO » car le premier n’existe pas aux Etats-Unis. Nos clients deviennent de plus en plus internationaux et il semblait indispensable de leur apporter une expérience client en lien avec leurs usages. Nous avons d’abord ouvert une entité à Kuala Lumpur, suivie d’une extension à Atlanta pour créer un modèle « follow the sun* ». Cela nous permet d’adresser le marché américain mais aussi nos clients européens ayant des filiales aux Etats-Unis.

A quoi ressemble ton quotidien ?

Je commence très tôt le matin, vers 6h. La première moitié de ma journée est consacrée à l’Europe. L’après-midi, je me concentre sur les ventes et préventes pour le marché américain. Bien entendu, la répartition de mon temps n’est pas toujours aussi marquée. Je dois de plus en plus rendre visite à nos clients aux Etats-Unis, qui est un très grand pays. Le voyage commence à faire partie de mon quotidien. Je visite les sites belge et malaisien au moins une fois par an, pour être sûr que notre modèle opérationnel fonctionne bien mais aussi pour rester proche des collaborateurs.

Le marché américain est-il différent du nôtre ?

Le marché obéit à des règles différentes. Là-bas, la culture du « tout faire soi-même » est très forte. Aussi, les Américains aiment traiter avec des Américains. La proximité est un aspect très important pour nos clients et c’est pour cela que notre présence à Atlanta est cruciale. Les filiales des entreprises européennes fonctionnent parfois comme des entités propres et la proximité géographique nous permet de délivrer l’expérience client attendue.

Combien de personnes composent ton équipe ?

70 collaborateurs évoluent à Bruxelles, 16 à Kuala Lumpur et nous serons bientôt 6 à Atlanta. Je dois tout de même préciser que je ne suis pas seul pour les encadrer, je dispose du soutien d’excellents managers sur place.

Comment décrirais-tu ton style de management ?

Aussi honnête que possible. C’est difficile parfois, mais pour que les choses se passent correctement, édulcorer ne sert à rien. J’essaye d’être ouvert, transparent et proche de mes équipes. Notre structure s’agrandit de plus en plus et parfois, ça peut être difficile de me voir directement, mais j’essaie autant que possible de me rendre disponible pour eux.

Tu as suivi une formation intitulée « accompagnement des hauts potentiels ». Qu’est-ce qui t’a motivé à t’inscrire ?

C’est mon ancien supérieur hiérarchique, à Silicomp, qui m’a encouragé à suivre ce cours. Il s’agissait d’un programme interne pour aider nos collaborateurs à grandir et anticiper leurs prochains sauts de carrière. Cette formation m’a aussi beaucoup apporté personnellement, en tant que chef de projet mais aussi pour le poste que j’occupe aujourd’hui.

L’un de tes employés t’a décrit, sur LinkedIn, comme « quelqu’un qui en fait toujours plus ». Ce « plus » pour toi, qu’est-ce que c’est ?

Pour moi, cela veut dire être investi pour mon entreprise et avoir un grand sens des responsabilités, envers mon équipe comme nos clients. En réalité, la cyberprotection ne connaît aucune pause et en cas d’incident, tout le monde doit être sur le pont. J’applique le même principe envers mon équipe : si mes collaborateurs rencontrent des difficultés, je me rends toujours disponible. En faire « plus », c’est aussi leur rendre la vie plus facile et les aider à trouver un équilibre entre la vie professionnelle et la vie privée.

Tu adores l’aviation et le vélo de montagne. Peux-tu nous en dire davantage sur ces deux passions ?

Je rêvais d’avoir une licence de pilote depuis mes huit ans. Je l’ai passé il y a quelques années, mais je n’ai pas eu assez de temps pour obtenir le nombre d’heures de vol requis. Ma fille est née pendant cette période. Elle a huit ans maintenant et s’adapte à une nouvelle vie. Elle est déjà bilingue ! Entre la vie de famille, le travail et les voyages, l’aviation et le vélo de montagne s’avèrent compliqués. Donc je cours. C’est une activité assez simple à maintenir, même à l’étranger et c’est important pour se libérer l’esprit.

Notes :

*suivre le soleil